Traces affleurées de possibles effleurés , simulé par d’improbables voyages , là le corps s’écrit de soi . Au-delà de rémanences démultipliées (comment ne pas songer occidentalement aux essuyés de Saint Véronique …) , il s’agirait non seulement d’ explorer l’espace par le dedans , pour cette impossible fusion avec le monde , mais aussi de penser l’être-là entier et paradoxalement petit ou impalpable , pour l’immensément ténu de nos profondeurs indicibles. Sans doute une « infimité » traduite , à la frontière exacte de l’inframince de Duchamp . Entre nature et culture , l’usage délibéré d’images et de supports dont nous sommes (vites !) familiers , crée à la fois la confrontation ontologique (ou comme le pose Robert Musil , non pas la question de savoir « qui est-on ? » , mais «  oú est -on ? » ) , et cette si fameuse inquiétante étrangeté : passer le nu au torchon (ou à la serviette etc… ) ne fait pas que signifier que le corps a ses dérives , mais qu’il s’effectue au travers du jeu gourmand de l’apparition–substitution poétique , dans l’intervalle du présent . L’intime possède alors toute une musicalité tramée ( tendue ? ) vers une réconciliation subtile de l’organique , ou nos anonymes rejoignent le semblable et l’unique dans des lisières contradictoires , dévidées du silence .

Chantal Degardin.     2003