Mutatis mutandis
Aaaaah! la Forêt, c’est si joli, solide et bien pratique:
-pour y méditer son petit Beaudelaire illustré : » la Nature est un temple où de vivants piliers etc. »
-pour y balader tout ce qui s’agite: chaperons-rouges, chasseurs-cueilleurs, bipèdes, canidés et véhicules divers…
-pour y puiser du bon poumon (le deuxième étant l’Océan)
-pour y tailler de scie de là son lot de Capital…
Et puis, la plupart du temps, la forêt c’est vert, de ce vert qu’on espère ou qu’on aspire. A chacun sans doute sa forêt…
Mais à l’intersection de la Science, de l’Ecologie et de l’Ontologie, la Forêt, au sens de concept, est avant tout un processus communicant, complexe et fragile, un chaos organisé et vivant, puissant et vulnérable, un micro et macrobiote ramifié à la fois dans sa verticalité et son horizontalité. Cette quasi « arche d’alliances » constitue le coeur même de la démarche et de la réflexion artistique de Sophie Papiau, au travers d’une oeuvre monumentale et évolutive: la bien nommée « Pink Forest« .
En procédant d’emblée à une double inversion:
– l’une chromatique ( du vert au rose)
– l’autre plastique (du « solide » à la légèreté par l’usage du textile)
l’artiste fait plus que confronter et interroger notre relation au sensible: elle rend à la forêt son statut créateur et charnel, inscrit dans la patience des âges et des métamorphoses. Pink Forest est aussi une oeuvre ludique de biodiversités: les volumes sont graciles et dodus, évoquant un édifice tant suspendu que terrestre par un jeu de formes-peaux translucides, d’exosquelettes vibrants, de racines aux pieds de porcelaine, de lianes de fils colorés…Mues ou membranes ? Reliques, écorces vivantes, voyageurs immobiles qui parlent dans l’espace ?
Nous sommes soudain invités à interagir, à nous « enforester »1, voire à danser le tangible et la mouvance de chairs-matrices, sans plus discerner le dehors du dedans.
Matière poétique et lieu de plasticités, la Forêt devient avec Sophie Papiau, le propos artistique d’une re-conciliation nécessaire, d’autant plus pertinente qu’elle questionne en chacun de nous sa part d’Amazonie. Il s’agit en quelque sorte d’augurer l’avenir d’une « transhumanescence » en pensant, à la manière d’un Marcel Duchamp, que Rrose Sélavy.
Chantal Degardin. Ethno-artiste
1 « S’enforester. Mythologies et politiques de la forêt d’Europe ». Andrea Olga Mantovani et Baptiste Morizot. Ed.D’une rive à l’autre. 2022.
Mutatis mutandis
Weeelll…The Forest, it’s so nice, strong and kindly useful:
-to meditate one’s little illustrated Beaudelaire: » the Nature is a Temple in which living pillars… »
-to stroll everything’s moving: red riding hood, hunter gatherers, various bipeds,canines and vehicles…
-to draw in good lung ( the second being the Ocean)
-to cut from saw and there one’s batch of capital.
And then, most of the time, forest is green, made of that green we hope or we breathe in. To everyone its forest.
But at the intersection of Science, Ecology and Ontology, the Forest , in sense of a concept, is first of all, a communicative process, complex and delicate, an organized and living chaos, powerful and vulnerable,a micro and macro-biota both branched in its verticality and its horizontality.
That nearly « ark of covenants » constitutes the very heart of the artistic demarch and reflexion of Sophie Papiau, within a monumental evolutive oeuvre: the well named « Pink Forest« .
Proceeding right away in a double inversion:
one chromatic (from green to pink)
one plastique (from « solid » to lightness by use of textile)
the artist does more than confront and interpellate our relationship to sensible: she gives back to Forest its creative and fleshy power, written in patience of ages and metamorphosis. Pink Forest is also a playful oeuvre made of bio-diversities: volumes are slender and plump, evocating a suspended as terrestrial building, within a game of translucid skinny forms, vibrant exoskeletons, porcelain feet roots, coloured threads lianas… Sloughings or membrans? Relics, living barks, motionless travelers talking in the space? We are suddenly invited to interact, to « inforest »1, and even to dance the palpable and the movement of fleshes-matrices, without discerning outside from inside.
As a poetic and plasticities place , the Forest becomes with Sophie Papiau, the artistic purpose of a necessary re- conciliation, as much more pertinent that it questions one’s part of Amazonia. It is the matter for foreseeing the future of a « transhumanescence » thinking as did Marcel Duchamp that Rrose Sélavy.
Chantal Degardin. Ethno-artiste